LA PLATEFORME CITOYENNE JUSTICE ET VERITE à la croisée des chemins...

  • Imprimer

INTERVIEW/Bernard Anoumo Dodji BOKODJIN: « (…) nous encourageons les politiques à faire des concessions pour que les réformes soient effectives et qu’on ait un cadre légal consensuel devant garantir un climat de paix pour le processus électoral prochain. » 

L’organisation interne de la Plateforme, son actualité ainsi que ses perspectives d’avenir, c’est avec le secrétaire adjoint de la PCJV. Bonne lecture...

 

Bonjour Mr Bernard BOKODJIN

Bonjour, mes salutations aussi à tous les internautes de la pcjv-org.

Comment se porte la Plateforme Citoyenne Justice et Vérité (PCJV) ?

Bien à mon avis, car son objectif qui est celui de faire le suivi du  processus de justice transitionnelle au Togo, demeure toujours pertinent.

L’organisation se porte bien selon vous et pourtant, elle n’est plus aussi présente dans l’actualité depuis le forum national de suivi du processus de justice transitionnelle en février passé.

J’ai un avis  contraire, parce qu’après le forum dont vous parlez, la PCJV à envoyer une lettre ouverte au Président de la République pour réclamer la publication du Livre Blanc. Mais bien avant cela, la Plateforme s’est réunit à la fin du mois de février pour renouveler les membres de son conseil consultatif. Et j’ajouterai que les réunions de l’organisation se poursuivent ordinairement ainsi que les actions de plaidoyer et de mobilisation citoyenne qui sont toujours mises en œuvre sur le terrain par le Secrétariat Exécutif. Donc la Plateforme se porte bien, si je m’en tiens à ses activités.

Pouvez-vous partager avec les lecteurs, la composition de la nouvelle équipe dirigeante de la PCJV?

La nouvelle classe dirigeante de la Plateforme se compose de cinq (5) membres. Mme Wilson Epiphanie du GF2D dirige la présidence, le vice président est le Pasteur Johnson AMPAH, professeur de droit à l’Université de Lomé et pasteur de l’Eglise méthodiste. Le rapporteur répond au nom de M. Manaf Alpha BOUKARI, attaché d’administration, représentant l’Alternative Leadership Group (ALG). A ces trois personnes, s’ajoutent deux (2) conseillers notamment le professeur Magloire KUAKUVI de la Commission Justice et Paix de l’Archidiocèse de Lomé et du Père SANVEE Gustave, de la Commission Justice et Paix du Togo.

Quel objectif la Plateforme a-telle assigné à sa toute première lettre ouverte, adressée au Président de la  République Faure E. GNASSINGBE?

Le 03 avril 2014, nous avons effectivement envoyé une lettre ouverte au Président de la République togolaise, lui rappelant que cela faisait 2 ans jour pour jour qu’il a reçu le rapport de la CVJR des mains de Monseigneur Nicodème BARRIGAH. Depuis lors, des actions devaient être menées, signe de la volonté manifeste du Président et de son gouvernement de mettre en œuvre les recommandations issues des travaux de la CVJR.

A la date de cette lettre ouverte, l’accent était mis sur la publication du Livre blanc, la nomination des membres du Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) et son opérationnalisation, la création d’un fonds d’aide à la réconciliation afin d’octroyer aux victimes une juste et équitable réparation, sans oublier l’effectivité des réformes institutionnelles et constitutionnelles.

Sur la majorité des points cités, aucune avancée n’était à relever, et il était pour nous en ce moment là, opportun de nous adresser directement au Président de la République qui avait mis en place cette commission, aux fins de l’encourager à plus d’actions pour une réconciliation véritable entre les togolais.

La lettre a-t-elle eu l’effet escompté ?

Oui, et non. Mais ce que nous retenons est que 24 heures après son envoi, l’avant projet de loi du Livre blanc a été adopté en conseil des ministres et le décret relatif aux membres du HCRUUN modifié.

Aujourd’hui, nous avons le Livre blanc mais nous, nous continuerons notre plaidoyer pour la nomination des membres du HCRRUN et son opérationnalisation, sans oublier la mise sur pied du programme de réparation et de réhabilitation des victimes. C’est l’urgence de la PCJV aujourd’hui.

                

Vous aviez exigé du gouvernement, la publication du Livre Blanc. Quel perception avez-vous du document, aujourd’hui qu’il est disponible ?

Nous avons effectivement, exigé depuis la fin des travaux de la CJVR, la publication rapide du Livre Blanc. Les commissions de certains pays comme le Ghana, le Libéria et l’Afrique du Sud l’ont recommandé aussi mais d’autres à l’exemple du Maroc ne l’a pas jugé utile.

Dans le cas du Togo, la CVJR a recommandé la publication du Livre blanc pour montrer l’engagement du gouvernement d’une part à mettre en œuvre les 68 recommandations, et d’autre part à fournir un chronogramme de mise en œuvre. C’est important de le rappeler parce que ce sont ces éléments qui feront la richesse du Livre Blanc.

Aujourd’hui ce document est disponible. Même si c’est un acquis, il ya certains éléments, qui, pour nous à la Plateforme, manquent dans ce document. Il s’agit notamment d’un chronogramme bien précis par rapport  à ce que la  CVJR a proposé, les actions urgentes, les recommandations qui doivent être mises en œuvre dans de brefs délais. La seule chose que nous pouvons retenir, c’est que le gouvernement dit avoir adopté les 68 recommandations. Comment et  quand se fera cette mise en œuvre, on l’ignore, même si nous nous accordons sur le fait que ce sera progressif.

Mais au niveau de la Plateforme, le travail sera continuel ; nous analyserons le Livre Blanc, et ferons des propositions au ministère des droits de l’Homme, pour qu’il les reverse sur le cahier de charges des membres du HCRRUN, quand ils seront nommés.  Un cahier de charge enrichi, et un chronogramme bien défini et détaillé, seront des signes de la bonne volonté du gouvernement pour la mise en œuvre des recommandations.

Les perspectives de la PCJV ?

La Plateforme reste et demeurera dans sa dynamique de travail pour la consolidation de la paix, de la démocratie et la création d’un climat apaisé dans notre pays le Togo, surtout à l’approche des élections présidentielles de 2015. Surtout que selon le rapport de la CVJR, c’est lors des processus électoraux surtout présidentiels, que le pays connait le plus de violences et de violations graves des Droits de l’Homme. De ce fait, le souhait aujourd’hui est que le processus de février 2015 se déroule sans incidents, et la Plateforme va œuvrer en ce sens.

Un mot de fin ?

Convier l’opposition et la majorité à faire des concessions, surtout que le projet de loi rejeté par l’Assemblée Nationale, soit révisé pour que nous puissions aller  de l’avant. Faute de quoi, ce blocage ne prévaut rien de bien pour les jours à venir. Ainsi donc, nous encourageons les politiques à plus d’effort pour accepter les concessions pour que les réformes soient effectives, et qu’on ait un cadre légal consensuel afin que les processus électoraux se déroulent dans un climat de paix.

Merci Bernard BOKODJIN

 

C’est moi qui vous remercie.